Paroles de professionnels

Je me suis lancée dans la psychologie après avoir découvert Freud au lycée. J'étais fascinée par ses théories, alors j'ai décidé de poursuivre mes études à l'université avec l'objectif de devenir psychologue pour adultes. Mais lors d'un stage en service de génétique à l'hôpital, j'ai découvert le monde du handicap, et ça a été une révélation. La pédopsychiatrie orientait parfois vers des bilans génétiques, ce qui m'a vraiment captivée. J'ai donc enchaîné les stages dans le domaine de l'autisme, ce qui a orienté mes choix de spécialisation.

J'ai eu l'opportunité de travailler dans différents environnements, avec des adultes et des enfants en situation de handicap. Depuis 2017, j'ai aussi un cabinet en libéral dans lequel je travaille avec une patientèle plus variée, des enfants en situation de handicap mais aussi auprès d’adultes pour une évaluation pré-opératoire à une chirurgie bariatrique et les troubles du comportement alimentaire.

J’ai travaillé En MAS (Maison d'Accueil Spécialisée, dans un service psychiatrique pour adultes autistes et apparentés, ainsi que dans un service expérimental pour autistes où je supervisais les accompagnants et dans différents IME.

Au sein de l’IME, chaque jour apporte son lot de défis et de petites victoires, comme lorsqu'un enfant prononce un mot ou émet un son pour la première fois. Ce sont des moments magiques. Parfois, malgré tous nos efforts, il est difficile de créer un lien avec l'enfant, ce qui peut être décourageant.

Je rencontre les enfants et les familles pour recueillir leurs attentes et les accompagner au mieux. Malheureusement, je n'ai pas toujours suffisamment de temps pour échanger avec les parents, ce qui est frustrant. Traditionnellement, les psychologues recevaient les enfants en entretien individuel, mais pour les enfants en plus grande difficulté, j’ai ressenti que le travail devait être différent.

Pour répondre à ces besoins, nous avons mis en place des groupes avec co-animation psychologue/éducateur ou psychologue/enseignant. Cela nous permet de mieux prendre en charge les enfants avec des besoins plus spécifiques et offre plus de soutien aux éducateurs spécialisés. La direction soutient et encourage ce travail pluridisciplinaire, ce qui nous donne une grande liberté d'action.

L'un des moments les plus gratifiants de mon métier est lorsque je gagne la confiance d'un enfant au point qu'il se sente suffisamment à l'aise pour parler de ses difficultés. La confiance des enfants et la libération de la parole sont des aspects essentiels de mon travail.

Je travaille à temps partiel, quatre jours par semaine, ce qui m'aide à équilibrer ma vie professionnelle et personnelle. Les moyens humains, comme l'ajout d'éducateurs, sont cruciaux pour gérer la complexité des situations et pour avoir le temps nécessaire pour chaque enfant. Les tâches invisibles, comme les soins de nursing, prennent beaucoup de temps et sont souvent peu reconnues. Il est essentiel de prévenir l'épuisement professionnel des équipes en respectant le rythme des enfants et en adaptant notre approche à leurs besoins. Les moyens humains permettent de dégager la ressource la plus précieuse pour les enfants et les professionnels : le temps.

C'est particulièrement vrai aujourd'hui, alors que nous accueillons de plus en plus d'enfants non verbaux ou avec des difficultés de communication. Cela demande de développer de nouveaux outils et de prendre le temps nécessaire pour les mettre en place.