Accueil > Interviews >
Moniteur Éducateur à l'ITEP
Teddy Royer
Je me souviens tout particulièrement d’un jeune que nous avions emmené avec un collègue pour la première fois au bord de la mer et en arrivant il regarde la vaste étendue d’eau et il me dit : mais il est où le rebord ?
Comment avez-vous débuté votre carrière dans le secteur du handicap ?
Quand j'avais 18 ans, je connaissais une chef de service dans un établissement pour personnes en situation de handicap. Cet été-là, elle m’a proposé de rejoindre son service pour accompagner des personnes pendant deux mois. J'étais en terminale ES à l'époque. Après ces deux mois, elle m'a recontacté pour me proposer des vacations.
Quel a été votre parcours après ces premières expériences ?
Le travail me plaisait beaucoup, donc j'ai accepté les vacations. Je passais de moins en moins de temps en cours et de plus en plus au travail. Finalement, à 18 ans, la chef de service m’a demandé d’intégrer son équipe à temps plein. Elle m’a aussi encouragé à me former, et deux ans plus tard, j'ai obtenu mon diplôme de moniteur éducateur.
Qu’est-ce qui vous a marqué lors de vos débuts dans ce métier ?
Le premier jour, j’ai été un peu effrayé et étonné. Par exemple, devoir faire la toilette d’un adulte de plus de 50 ans à seulement 18 ans, c'était impressionnant. Heureusement, j'ai été très bien accompagné par des éducateurs expérimentés qui donnaient beaucoup de sens à leur travail. Je suis nostalgique de ces mentors, ils m'ont aidé à comprendre la dignité humaine.
Je suis resté dix ans dans cette association pour les remercier de m’avoir donné ma chance. Le travail faisait appel à mes qualités de fédérateur et j'aimais vraiment ce que je faisais.
Pouvez-vous partager des réussites marquantes de votre carrière ?
Oui, bien sûr. Ce qui est très gratifiant c’est de recevoir des nouvelles des jeunes que j'avais accompagnés, certains ayant trouvé un métier et une vie stable.
Par exemple, un jeune qui travaillait dans les espaces verts de sa ville, ou un autre qui est devenu chauffagiste après avoir été longtemps sans structure pour l'accompagner. C'est très satisfaisant de voir qu'on a pu avoir un impact positif sur leur vie.
Je me souviens tout particulièrement d’un jeune que nous avions emmené avec un collègue pour la première fois au bord de la mer et en arrivant il regarde la vaste étendue d’eau et il me dit : mais il est où le rebord ?
Ce métier apprend la patience. On plante des graines, on met des tuteurs et on attend de voir les fruits de notre travail.
Comment gérez-vous les situations difficiles et la frontière entre vie professionnelle et vie privée ?
C’est un vrai défi. Il y a des moments où les situations de crise et de violence sont très éprouvantes, et il est difficile de séparer vie professionnelle et privée. Parfois, même le week-end, si on m'appelle pour une situation qui peut déraper, j’ai du mal à rester passif.
Quels sont vos projets et aspirations pour l’avenir ?
Je souhaite m’orienter vers des Centres d’Éducation Renforcée dans le milieu pénitentiaire. À terme, j'aimerais aussi ouvrir une structure d’accueil pour des séjours de rupture dans un coin reculé, avec des moyens humains et financiers adaptés.
Je vais bientôt entré en formation CAFERUIS pour devenir chef de service. Il ne faut pas se mettre de limite dans ce métier et j’ai mis du temps à me dire que je pourrais être chef de service et apporter encore plus à mes collègues.
Comment voyez-vous l'avenir de votre métier et ses défis ?
Le climat social actuel et notamment la déconnexion entre les salaires et l'utilité sociale impacte fortement notre profession et ne facilite pas l’émergence des vocations.
J’espère que nous pourrons continuer à nous adapter et à offrir le meilleur soutien possible à ceux qui en ont besoin.
Découvrez nos autres interviews
Teddy Royer, Moniteur Éducateur à l’ITEP
Je me souviens tout particulièrement d’un jeune que nous avions emmené avec un collègue pour la première fois au bord de la mer et en arrivant il regarde la vaste étendue d’eau et il me dit : mais il est où le rebord ?
En lire plusGaëlle Hervet Monitrice-éducatrice de l’IME du Pré d’Orient
Mon rêve initial était de devenir comédienne, ce qui m’a menée à étudier au conservatoire et à pratiquer le théâtre. Cependant, j’ai voulu concilier cette passion avec mon désir d’aider autrui, en particulier les jeunes.
En lire plusCéline Georgi, Cheffe de Service de l’IME du Pré d’Orient
Chaque journée apporte son lot de surprises, surtout avec les enfants. Les victoires quotidiennes, comme voir un éducateur engagé et content de son impact, sont très gratifiantes.
En lire plusChristelle Montet, Cheffe de Service du SESSAD-ITEP et de l’UMEAS
J’aime venir au boulot. J’ai plaisir à retrouver mes équipes chaque jour, » confie Christelle. Son engagement est palpable, notamment à travers les interactions qu’elle a avec les familles : « elle se souvient des remerciements d’une famille alors que la situation avait été très difficile. Elle a vu la reconnaissance dans leurs yeux. C’est un discours magique qui rappelle pourquoi on travaille.
En lire plusCécilia Leblond, psychologue à l’IME du Pré d’Orient
L’un des moments les plus gratifiants de mon métier est lorsque je gagne la confiance d’un enfant au point qu’il se sente suffisamment à l’aise pour parler de ses difficultés. La confiance des enfants et la libération de la parole sont des aspects essentiels de mon travail.
En lire plus